Samedi 7 juin 2025.
Pierre et poussière.
Pierre et poussière.
La parasha Nasso nous entraîne dans les profondeurs du désert, là où les fils d’Israël sont comptés, purifiés, assignés à leur fonction dans le sanctuaire.
Au milieu de ce recensement sacré, deux figures apparaissent :
la femme soupçonnée d’infidélité et le Naziréen celui ou celle qui choisit de se consacrer entièrement à Dieu.
Ces deux portraits parlent à notre génération.
Le Nazir, c’est Israël dans sa vocation éternelle.
Mis à part, séparé, consacré non pour dominer, mais pour porter la Torah, car il en est le gardien.
Les croyants des nations aime mélanger, déformer, édulcorer.
Il prend la vérité, y ajoute des traditions étrangères, enlève ce qui dérange, et garde ce qui flatte.
Mais Israël, comme le Nazir, est appelé à dire non. Non aux mélanges. Non à la dilution. Non à l’abandon de ce qui a été confié au Sinaï.
Et pourtant… Israël, ce Nazir, se sent abandonné par les nations. Parfois même trahi.
Depuis Noé, Dieu a donné aux peuples un socle solide : ne pas avoir plusieurs Dieux, ne pas rajouté des paroles profanes,
ne pas tuer, ne pas commettre des actes sexuels défendu, ne pas voler, établir la justice, ne pas manger le sang d’animaux encore vivant.
Ces lois universelles forment la base d’une sainteté accessible.
Mais l’Histoire a montré que les croyants ont besoin d’un encadrement solide.
Alors Dieu a mis à part Israël, gardien de la Torah et de toute l’Écriture, et Il lui a promis un Messie pour le sauver d’une fin éternelle.
Ce Messie, c’est Yeshoua.
Il est venu sur la terre avec un corps d’homme et l’âme de Dieu.
Mais l’œuvre du satan n’a cessé de vouloir détourner le peuple élu.
Depuis plus de 2000 ans, son influence s’est répandue, déguisée en bonnes intentions :
des idéologies séduisantes, des religions mêlées à l’idolâtrie, des doctrines faussées.
Et pourtant, Yeshoua a tout laissé à Ses apôtres :
une voie de sainteté, fondée sur l’amour, la vérité, les commandements, et la foi en Lui.
Ce sont les assemblées messianiques fidèles qui ont gardé cette flamme première.
Mais aujourd’hui encore l’oeuvre de Dieu est souillée.
Des croyants des nations, touchés par le Messie, veulent parfois importer dans les assemblées messianiques juives leurs coutumes d’Église :
les fêtes étrangères, les messes du dimanche, les traditions déconnectées d’Israël.
Certains vont même jusqu’à chercher à convertir les Juifs à une foi qui efface leur identité.
Ce n’est pas l’ordre divin.
Un Juif ne doit pas devenir chrétien. Il ne doit pas abandonner la Torah, le Shabbat, les fêtes, la circoncision.
Il est le gardien d’un dépôt sacré.
Mais un croyant des nations, s’il est touché par le Messie d’Israël, doit venir avec humilité, pour être greffé à Israël, non pour le transformer.
Il doit recevoir les racines vivantes d’un peuple qui a souffert, gardé, transmis.
Paul l’a compris.
Il disait : « Je suis Juif avec les Juifs, Grec avec les Grecs » non pour flatter, mais pour relier sans dénaturer.
Paul ne rejette pas la Torah : il l’honore.
Il ne nie pas Israël : il le porte dans ses entrailles.
Il ne méprise pas les nations : il leur ouvre un chemin vers la lumière, sans profaner le sanctuaire.
Dans Actes 21, il est faussement accusé d’enseigner aux Juifs d’abandonner Moïse.
Mais pour apaiser les tensions, Jacques lui demande de participer à un vœu de Naziréat pour montrer que Paul observe, lui aussi, la Torah.
Et dans Actes 15; 29, les apôtres, conduits par l’Esprit, décident de ne pas imposer à ceux des nations tout le joug de la Loi.
Ils leur demandent de s’abstenir de certaines pratiques liées à des religions païennes.
Pourquoi ?
Parce que les non-Juifs ne sont pas appelés à transmettre ou enseigner la Torah.
Elle a été confiée à Israël, gardien de l’alliance.
Les nations sont invitées à vivre une sanctification personnelle, sans s’approprier ce qui a été donné au peuple élu.
Et la femme adultère ?
Cette figure que l’on retrouve à la fois dans Nasso et dans Jean 8 ?
Elle représente toute assemblée juive ou non juive qui a quitté la pureté, changé ou rejeté la Torah.
Mais elle n’est pas condamnée.
Yeshoua ne la lapide pas.
Il s’abaisse. Il écrit avec son doigt sur le sol dans la poussière.
Les scribes, eux, tiennent dans leurs mains la Torah gravée sur la pierre :
la Loi dit qu’elle doit être jugée et lapidée.
Mais Yeshoua ne tient pas la pierre.
Il se penche, et écrit dans le sable.
Pourquoi ?
Parce que ce qui est écrit sur la pierre ne peut être effacé : c’est la justice.
Mais ce qui est écrit dans la poussière peut être effacé par le souffle celui de la miséricorde.
Il fut un temps où la Loi, gravée dans la pierre, dressait un mur entre la sainteté et notre faute.
Elle jugeait sur la terre, sans détour, exposant l’homme à sa nudité spirituelle.
Mais Celui qui est plus grand que Moïse est venu , Yeshoua, notre juge et notre avocat.
Il ne jette pas la pierre.
Il écrit dans la poussière.
Et ce geste devient une métaphore : le jugement est réel, mais le pardon est plus grand encore.
Nos fautes ne sont pas ignorées — elles sont effacées.
La justice demeure. Mais la grâce règne.
Yeshoua n’abolit rien. Il révèle la Torah dans sa plénitude.
Il ouvre un chemin de relèvement.
Paul le dit clairement :
« La Loi est sainte, le commandement est saint, juste et bon. »
Yeshoua écrit dans la terre comme une image du pardon.
Et Paul, scribe du Messie, écrit dans les cœurs, pour que la Torah ne condamne plus, mais sanctifie.
Dans une lecture prophétique, on peut dire qu’Israël est ce Nazir, mis à part pour que la bénédiction jaillisse vers les nations.
« Je t’ai établi pour être la lumière des nations. » (Isaïe 42; 6)
« Nous irons avec vous, car nous avons entendu que Dieu est avec vous. » (Zacharie 8; 23)
Aujourd’hui, il ne s’agit pas de bâtir une religion nouvelle, mais de restaurer ce qui a été déformé.
La Torah n’est pas abolie. La miséricorde remplace la condamnation.
La femme adultère devient épouse restaurée.
Yeshoua ne change pas l’ordre divin.
Il le révèle dans sa beauté.
Et nous, Juifs ou non-Juifs, sommes appelés à retrouver notre juste place dans ce plan sacré, où la Torah et la miséricorde marchent ensemble. jusqu’à ce que toute la terre voie la gloire du Dieu d’Israël.
Ainsi, dans ce temps de retour et de restauration,
où la pierre et la poussière se rencontrent,
où la Torah et la grâce ne s’opposent plus mais marchent ensemble,
nous tournons nos cœurs vers Celui qui donne sens à toutes choses.
Car ce chemin, ni juif ni non-juif ne peut le tracer seul.
C’est l’Éternel qui ouvre la voie,
et c’est Sa bénédiction qui nous garde sur cette voie.
Alors, que notre marche se poursuive aujourd’hui sous Ses paroles éternelles de paix :
Que l’Éternel verse sur nous Sa bénédiction, et qu’Il veille sur nos pas.
Que Sa lumière éclaire nos visages, et que Sa grâce coule sur nous comme l’huile sainte.
Qu’Il tourne vers nous Son regard de paix, et qu’Il établisse le shalom dans nos demeures.
Shabbat shalom
L.B
Lecture de la parasha:
Nombres: Chapitre 4 verset 21 à chapitre 7 verset 89. Lecture de la haftarah:
Juges: Chapitre 13 verset 2 à 25.
Lecture messianique:
Actes: 21: 17 à 32. Jean: 8: 1 .18.