Quel est ton Nom ?
Dans Vayichla’h, Jacob revient vers la Terre promise, mais surtout vers ce qu’il a fui : son frère Esaü. Au bord du gué du Yabbok, seul dans la nuit, il lutte avec Dieu jusqu’à entendre cette question : « Quel est ton nom ? » et recevoir un nom nouveau : Israël.
Cette parasha nous place devant un choix brûlant qui tranche entre une réalité et une manipulation d’ordre cosmique.
Une réalité difficile à défendre, vu l’ampleur du dégât ; à nous donc d’en nettoyer la poussière.
Jacob retourne en Terre Sainte après vingt ans à ‘Haran. Il envoie des messagers vers Esaü, espérant une réconciliation, mais ils reviennent en disant qu’Esaü arrive avec quatre cents hommes. Jacob a peur, il prie, prépare une stratégie, envoie des cadeaux… puis, la nuit venue, il reste seul au bord du Yabbok. Ce petit passage d’eau qui nettoie ses impuretés accumulées durant la marche de son exil.
Là, un “homme” lutte avec lui jusqu’à l’aube. C’est Dieu qui vient au cœur de son histoire. Jacob tient bon, même blessé à la hanche. Il entend alors la question :
« Quel est ton nom ? »
Il répondit : « Jacob. »
Il dit : « Ton nom ne sera plus Jacob, mais Israël… »
Ensuite, c’est Jacob qui, à son tour, demande :
« Fais-moi, je te prie, connaître ton nom. »
…mais l’homme ne le lui révèle pas.
Le prophète Osée parle d’un combat avec un ange ; l’enseignement, comprend que cet ange, c’est Esaü sous son visage spirituel, sa face cachée, le côté invisible de son être, qui se mesure à Jacob avant la rencontre terrestre.
Cet Esaü, frère de Jacob, est né roux, poilu, rugueux, donnant cette image d’un homme rustre, brut de décoffrage, bourru, non raffiné. Il part habiter à Séïr, qui veut dire également pays poilu, brut. De lui naîtra la nation d’Edom, symbole de Rome, de la chrétienté impériale et des systèmes religieux qui se servent du nom de Dieu.
Voilà le problème, la plus grande des manipulations mondiales.
Rome est ce pouvoir en place qui a pris le nom du Messie pour en faire une idole chrétienne et fausse. Depuis l’histoire des nations, il y a eu usurpation d’identité. Rome a créé un Messie chrétien donnant toutes ces images de Jésus.
On le fête à Noël, on le peint, on le porte en médaille. Son nom est là, sa parole est là, partout connue dans le monde, mais tout autour il y a une couche d’Esaü : pouvoir, mélange, tradition, empire.
On pourrait dire :
Le monde nous présente un “Jésus d’Esaü” : un Messie réel, mais brut, pas fini, mélangé à Édom, au Vatican, aux systèmes religieux. C’est Yeshoua vu depuis Séïr, pas encore Yeshoua vu depuis Sion.
C’est l’image qui est reflétée à Jacob à travers cette parasha, devant l’eau du Yabbok : le Messie qui se présente comme un rocher pas encore taillé, une pierre brute dont la splendeur est encore cachée. Comme le dit le prophète Ézéchiel : Dieu voit l’être dans son sang, non encore lavé, pas encore habillé de Torah, récupéré par les empires qui l’ont laissé dans un état brut.
Les nations ont reçu un “Jésus d’Esaü”, mais Dieu veut nous amener à Yeshoua lavé, purifié de nos mélanges, revêtu de sa vraie tunique : la Torah et la vérité.
Lorsque Jacob et Esaü se retrouvent enfin, la scène est bouleversante : Esaü court, il l’embrasse, ils pleurent. Il y a une vraie réconciliation humaine. Mais ensuite, Esaü propose qu’ils marchent ensemble. Et là, c’est très subtil : Jacob refuse. Il s’excuse, il parle de la faiblesse des enfants, des troupeaux. Il laisse Esaü partir devant. Il lui dit même :
« Je viendrai vers mon seigneur à Séïr. » étrange de dire “Seigneur” ?
Mais dans le texte, Jacob n’y va pas.
Il va à Souccot, puis à Shekhem, puis à Beit-El. Il ne rejoint pas Séïr.
Les sages d’Israël ont posé la question : « Alors, quand Jacob ira-t-il à Séïr ? » Et ils répondent :
Aux jours du Messie, lorsque des sauveurs monteront sur le mont Sion pour juger la montagne d’Esaü, et que la royauté appartiendra à l’Éternel.
Autrement dit, Vayichla’h ne ferme pas l’histoire. La parasha montre la première rencontre avec Esaü, la première approche d’Édom, parfois la première approche avec Jésus. Mais la vraie confrontation avec Séïr est reportée à la fin, au moment de la vrai révélation du Messie.
Il y a un début : « Je viendrai à Séïr. »
Et une fin : le jour où Séïr, Édom, Rome, tous les systèmes d’Esaü devront plier le genou devant le Roi qui sort de Jacob.
Ça veut dire pour nous :
Tu peux reconnaître ce qu’il y a de vrai dans le Jésus des nations, mais ne marche pas derrière Séïr. Le tri final entre vérité et mélange appartient au Roi Messie. Jésus s’annonce aux nations car leur nature n’est pas prête à recevoir ce Messie révélé dans Sa torah, ce Jésus se présente comme un premier pas vers la réconciliation vers une vrai repentance devant Dieu, puis après il faut le laisser partir, et plutôt marcher seul, et repartir presque à zéro pour faire place net à Yeshoua.
C’est là le sens de cette parasha : un bon mensonge cache toujours un fond de vérité. La suite de notre texte s’illustre avec l’histoire de Dina, fille de Jacob.
L’épisode de Dina vient comme un choc. Shekhem prend la fille d’Israël, la blesse, puis veut l’épouser et faire circoncire toute sa ville pour entrer dans la maison de Jacob. Image forte des nations d’Édom qui désirent le Dieu et le Messie d’Israël, mais souvent d’une manière brutale, en touchant ce qui est saint sans respect, puis en parlant d’alliance. C’est ce que les chrétiens des nations ont fait, ils se sont approprié de force la bible et en on fait leur droit légale. Il est alors compréhensible que certains juifs ne sont pas d’accord de ce viol de religion.
C’est le risque : répondre à la brutalité des nations par une brutalité religieuse. La vraie conversion d’Édom ne peut pas être un viol spirituel, ni un piège, mais une circoncision du cœur, libre, où les nations deviennent enfants adoptés, et où Israël devient lumière, révélant Yeshoua sans la laideur d’Esaü et sans la violence de l’histoire.
Beaucoup d’entre nous ont rencontré le Messie à travers un Jésus : porté par des églises, des fêtes, des images, parfois loin de la Torah, mêlé à des choses étranges, parfois avec un vrai amour mais jamais complètement clair.
Ce nom Jésus, qui est porté comme signe de paix, de ralliement pour les nations, est peut-être quelque chose de bon au fond, mais en même temps c’est violent et dangereux de vouloir croire en Dieu en rejetant Israël : c’est absolument incompatible. Mais peut-être que Dieu a mis en place ce système qui permet de s’approcher timidement vers le Messie encore brut.
Comme un chemin de départ, qui donne accès à notre force la plus souterraine, qui se cache en nous et qui ne demande qu’à se dévoiler, car le Messie Yeshoua fait partie intégrante de notre être, mais ce monde nous a caché cette vérité. Il faut un combat contre cette vision, qui est comme un géant, un esprit collectif formant une unité puissante, très difficile à casser ; il faut vraiment un grand désir de vérité pour casser le moule de ce Jésus de Séïr, ce Jésus de Rome, pour aller chercher Yeshoua de Bethléhem.
Alors Dieu nous conduit à notre Yabbok. Il nous isole, enlève nos béquilles, et nous pose cette question :
Qu’est-ce que tu gardes ? Qu’est-ce que tu laisses mourir ? Quel Jésus tu refuses, et quel Yeshoua tu veux suivre ?
Et de notre cœur nous disons :
« Quel est son nom ?
Dis-moi ton Nom. »
Son nom est Yeshoua puisqu’il est juif. Il est Yeshoua ben Elohim, Yeshoua, Fils de Dieu.
La parasha va encore plus loin dans sa confrontation avec le message du Messie et de son Nom :
Et puis il y a Rachel. Elle ne meurt pas à Hébron, avec les autres patriarches, mais “en chemin”, en approchant Bethléhem. C’est comme si sa vie s’arrêtait à la frontière d’un lieu prophétique. Elle donne naissance là, dans la douleur, à son dernier fils. Elle l’appelle Ben-Oni, le fils de ma souffrance, et Jacob transforme ce nom en Binyamin, fils de ma droite, fils de la force retrouvée.
Si ça, ce n’est pas une révélation !
Rachel s’arrête à Bethléhem, elle s’y couche pour toujours, et ce lieu deviendra la ville de David, le berceau des promesses messianiques.
Elle ne verra pas la suite de l’histoire, mais elle la met au monde. Son parcours s’interrompt, mais sa descendance continue la route. Elle meurt “en chemin”, comme pour rester à la croisée des routes, là où sa voix pleure encore pour ses enfants et attend leur retour.
Le prophète Michée 5:1 (ou 5:2 selon les versions)
La prophétie directe sur Bethléhem et la naissance du Messie :
« Et toi, Bethléhem Éphrata, petite entre les milliers de Juda,
de toi sortira pour moi Celui qui dominera sur Israël,
et dont les origines remontent aux jours d’éternité. »
Que la lumière soit sur Bethléhem,
car de là s’est levé Yeshoua, Fils du Dieu Très-Haut.
La prophétie ne ment pas : elle annonce le Messie Yeshoua comme une vision à travers Benjamin, qui est le fils qui n’est plus dans la douleur : il est le fils retrouvé.
Le fils qui porte son vrai nom ! Et c’est là aussi notre changement de Nom.
Nous devenons Israël : ceux qui ont lutté avec Dieu et qui ont été saisis par Lui. Ceux qui ont peut-être été accrochés par Jésus, mais qui, au fond, décident qu’il ne faut plus le suivre ainsi, et se dirigent vers Israël.
Au milieu de ces routes, il y a la foi et l’amour.
Et je choisis qui je veux suivre :
un monde chrétien, religieux, installé, mélange d’Édom et de Jésus, et Marie et Joseph dans la petite crèche ;
ou choisir la route de Bethléhem et suivre son Nom : Yeshoua.
Ou est-ce que je choisis la route d’Israël : chercher le vrai visage de Yeshoua, dans la lumière de la Torah, même si cela me fait boiter ?
Vayichla’h, c’est la parasha où Dieu nous laisse voir clairement les chemins :
Esaü va à Séïr.
Israël va vers Dieu.
Et chacun de nous est invité, dans sa nuit du Yabbok, à répondre :
« Quel est ton Nom ?
Dis-moi ton Nom…
Je veux porter ton Nom. »
Shabbat Shalom
L . B
Lecture de la parasha :
Genèse : chapitre 32 verset 4 (3) à chapitre 36 verset 43.
Lecture de la haftarah :
Osée : 11:7 à 12:12, et Abdias : 1:1 à 21.
Lecture messianique :
1 Corinthiens 5:1 à 13, et Apocalypse : 7:1 à 12.

